ETP, l’Éducation Thérapeutique du Patient

La photo montre un professionnel de santé réalisant un bilan avec une patiente dans le cadre d’un programme d’ETP.

L’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) est une pratique en santé qui permet de placer le patient dans une posture pro-active. Comment ? Grâce aux connaissances et compétences transmises par les professionnels de santé formés. Ces derniers peuvent mettre en place et animer des programmes d’ETP au sein de différents types de structure, et financés par une Agence Régionale de Santé. On vous explique tout dans cet article.

Qu’est-ce que l’ETP ?

D’après l’OMS, l’éducation thérapeutique du patient consiste à « aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leurs vies avec une maladie chronique ». Autrement dit, il s’agit de donner toutes les ressources aux patients pour qu'ils puissent mieux vivre avec leur(s) maladie(s) chroniques(s) sans être complètement dépendants des soignants. Cela passe notamment par leur participation à des ateliers santé, qui leur permettent d’apprendre, d’échanger et de mettre en pratique. 

À qui est-ce destiné ?

L’éducation thérapeutique du patient est destinée aux patients atteints d’une voire de plusieurs maladies chroniques. Pour intégrer un programme, il n’est pas nécessaire que la maladie soit à un stade avancé. Cela peut se faire quel que soit le stade de la maladie : il n’est jamais trop tard pour prendre soin de soi. 

Quels en sont les objectifs ?

Pour le patient, l’objectif de l’ETP est double : acquérir des compétences en auto-soin et aussi en adaptation. L’auto-soin consiste à pouvoir, par exemple, prendre en compte les résultats d’une automesure, adapter les doses de médicaments, réaliser des soins… En pratique, pour prendre l’exemple du diabète, cela consiste à pouvoir agir en fonction des résultats d’une glycémie capillaire mesurée, à adapter la dose d’insuline en conséquence et à pouvoir l'injecter.

Les compétences d’adaptation sont plus d’ordre psychosocial et s’appuient sur l’expérience du patient. Elles consistent par exemple à se fixer des buts à atteindre et à faire des choix ou encore à savoir gérer ses émotions et gérer son stress. Toujours dans le cas de figure du diabète, cela peut consister à mettre en place de bonnes pratiques alimentaires avant de se fixer des objectifs en activité physique ou encore à savoir gérer son stress en cas d’hyperglycémie. 

Les compétences à acquérir dépendent donc de chaque patient, de sa motivation et de sa réceptivité. 

Comment se déroule un programme pour le patient ?

Premièrement, un bilan éducatif est réalisé au début avec le patient. Il permet d'évaluer ses connaissances et de définir les objectifs à atteindre à la fin du programme. Les ateliers, individuels ou collectifs, sont fixés en fonction de ses objectifs.

En effet, les séances peuvent se réaliser en groupe mais aussi de manière individuelle, selon les besoins des patients et la spécificité de chaque atelier. D’une part, les séances de groupe permettent de créer une bonne dynamique, de favoriser les échanges et le partage. Dans un contexte de maladie chronique, l’entraide et le fait de se sentir moins seul sont essentiels. D’autre part, les séances individuelles permettent de prendre en compte la singularité de chacun et de pouvoir créer une atmosphère plus intimiste et donc propice aux confidences sur les difficultés dues à la maladie et à ses conséquences.

Les séances définies dans le programme déclaré à l’Agence Régionale de Santé (ARS) peuvent être réalisées en présentiel, à l’hôpital par exemple, mais aussi en distanciel. Un programme peut être réalisé à distance, en présentiel ou en hybride. La pratique en distanciel s’inscrit dans la digitalisation de l’etp, appelée e-etp

La participation à un parcours d’ETP se solde toujours par un bilan qui permet de faire le point avec le patient sur les différentes compétences et connaissances acquises ainsi que son évolution vis-à-vis de la maladie. 

Les parcours peuvent durer de quelques semaines à plus d’un an selon les objectifs et le nombre d’ateliers. 

Qui peut mettre en place un programme d’ETP ?

Les programmes d’ETP peuvent être mis en place par différentes structures. Il peut s’agir d’une association, d’un établissement de santé public ou privé comme un hôpital, d’une structure d’exercice collectif telle qu’une maison de santé. Les professionnels de santé en libéral peuvent aussi initier un programme d’ETP s’ils sont organisés en association. 

Ces programmes doivent être portés par un coordonnateur qui est soit un médecin, soit un autre professionnel de santé, soit un représentant dûment mandaté d'une association de patients. Les programmes sont quant à eux mis en œuvre par deux professionnels de santé, dont un médecin si le coordonnateur n’est pas un médecin. 

Le coordonnateur et les intervenants doivent être formés à l’ETP. En effet, différents organismes proposent des formations certifiantes à l’ETP. Etre formé permet d’attester d’un certain nombre de compétences d’ordre technique, relationnel et pédagogique ainsi que socio-organisationnel. 

Parmi les compétences d’ordre technique on retrouve par exemple :

  • Orienter les patients vers des sources d’information fiables ;
  • Utiliser des techniques et des outils pédagogiques ;
  • Choisir et adapter les méthodes aux différents publics.

Parmi les compétences d’ordre relationnel et pédagogique on retrouve par exemple :

  • Pratiquer l’empathie ;
  • Pratiquer l’écoute active et bienveillante ;
  • Comprendre les ressorts psychologiques des personnes. 

Parmi les compétences d’ordre socio-organisationnel on retrouve par exemple :

  • Coordonner les acteurs ;
  • Conduire un projet ;
  • Évaluer, prioriser.

Toutes ces compétences sont répertoriées dans les annexes de l’arrêté du 31 mai 2013 modifiant l'arrêté du 2 août 2010 relatif aux compétences requises pour dispenser l'éducation thérapeutique du patient. 

Comment déclarer et financer un programme d’ETP ?

Depuis janvier 2021, les programmes d’éducation thérapeutique du patient ne requièrent plus d’autorisation de l’ARS. En effet, seule une déclaration auprès de celle-ci suffit. Les démarches administratives peuvent se réaliser en ligne sur la plateforme nationale ou par voie postale dont l’adresse dépend de chaque ARS. Les documents à fournir sont les suivants : 

  • La charte d’engagement signée par tous les intervenants,
  • Un exemplaire du support utilisé pour le bilan éducatif partagé,
  • L’attestation sur l’honneur de conformité aux exigences réglementaires, intégrée au formulaire à remplir en ligne.

Le programme doit répondre à un cahier des charges disponible dans l’annexe 1 de l'arrêté du 30 décembre 2020 relatif au cahier des charges des programmes d'éducation thérapeutique du patient et à la composition du dossier de déclaration et modifiant l'arrêté du 2 août 2010 modifié relatif aux compétences requises pour dispenser ou coordonner l'éducation thérapeutique du patient.

Le financement du programme peut être accordé par l’ARS concernée si le cahier des charges est respecté et si le projet concerne :

  • Une maladie chronique comprise dans les ALD 30 (liste des 30 maladies chroniques qualifiées d’Affections Longues Durées et prises en charge à 100% par l’Assurance Maladie) ;
  • Ou certaines maladies rares ;
  • Ou l’asthme ;
  • Ou encore les priorités régionales ETP de l’ARS concernée. 

Pour plus d’informations, vous pouvez vous renseigner sur le site Internet de l’ARS de la région où vous souhaitez éventuellement déployer le programme. Toutes les informations et coordonnées pour les joindre y sont disponibles. 

La photo montre Ibtihal Lakehal.

Ibtihal Lakehal

Barnabe.io

Diététicienne et adepte du marketing, Ibtihal prête sa plume pour délivrer ses meilleurs conseils aux professionnel(le)s de santé.

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